Paysages et géologie
Lorsque l’on quitte St Jean de Maurienne pour aller vers Aiguebelle, au-delà de la Chambre, la vallée est plane. En rive droite de l’Arc, un relief en pente douce bloque la vue.
L’Arc et toutes les infrastructures humaines (route, voie ferrée et autoroute) contournent ce relief.
Il s'agit du remarquable cône de déjection de La Chapelle
Le village et le hameau de Gondran sont bâtis sur ce cône dont la longueur mesure 3 km et la largeur plus d’1,5 km. Sa hauteur est de 260m, des 404m aux étangs sous Gondran à 663m à l’usine électrique des Moulins située en haut du cône.
Ce n’est pas l’actuel torrent du Dréron qui a pu amener un tel déversement de matériaux.
La création de ce remarquable cône remonte à la fin de la dernière glaciation, il y a environ 18 000 ans. Le glacier de la Maurienne disparaît et la pression exercée par la glace disparaît peu à peu.
Cela a sans doute entraîné l’écroulement en masse d’une partie du versant dont le point culminant est le Grand Mas (2 237 m) et qui présente actuellement une morphologie en forme de cirque. L’arrachement a alors donné naissance au bassin versant du Dréron et au cône de déjection formé par les matériaux écroulés.
En barrant la vallée de l’Arc, il a sans doute permis à un lac de s’installer à l’amont (paléolac de Saint Rémy).
De la ripisylve aux champs
L’Arc a été bloqué par ce cône, ainsi que par celui du Grivolet venant de l’autre côté de la vallée, ce qui a formé un lac. Ensuite ses eaux se sont frayées un passage, louvoyant entre ces deux cônes d’éboulis.
Le paléolac a dû rester très longtemps une zone très humide peu profonde où une forêt typique, la ripisylve, s’est développée.
Cette forêt riveraine des cours d’eau était formée par des aulnes, des saules, des peupliers et de frênes. Elle avait un sous-bois encombré d’arbustes et de lianes.
Ce type de milieu est biologiquement riche. Les arbres poussent rapidement. C’est aussi une forêt souvent remaniée par les divagations des cours d’eau. Ces ripisylves sont donc caractérisées par beaucoup de bois mort, lieu de vie de nombreux insectes xylophages, qui se nourrissent du bois vivant ou mort.
Cette profusion de nourriture était très appréciée des mésanges, sittelles, gobe-mouches et des pics.
Ce milieu n’était guère favorable aux humains. Les moustiques, l’humidité permanente et les maladies ont contraint les premiers mauriennais à aller bâtir leurs villages sur les hauteurs de chaque côté de la vallée.
De Saint-Léger à Saint-Rémy-de-Maurienne, de La Chapelle aux Chavannes-en-Maurienne, toutes les habitations anciennes sont en hauteur.
Puis vint le temps de l’endiguement de l’Arc, offrant de nouvelles terres cultivables.
L’Arc gronde encore de temps en temps, dépassant rarement au-delà du chenal laissé par les humains.
Les ripisylves se sont réduites à peau de chagrin.
Ainsi va la vie et le paysage modelé par la nature et ses habitants. Qu’en sera-t-il dans deux mille ans ?
Nous vous le raconterons après avoir réaliser le premier voyage en machine à voyager dans le temps...
GM, le 1er février 2018
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