Cygnus cygnus (Linnaeus, 1758)
Anseriformes - Anatidae
Le cygne chanteur, espèce tout à fait exceptionnelle en Maurienne, a fait l'objet d'un suivi tout particulier de novembre 2018 à fin juin 2019 de la part de bénévoles de La Dauphinelle.
En effet, d'une première observation de gardes-moniteurs du Parc national en novembre 2018, à notre dernière observation le 30 juin 2019, La Dauphinelle a cherché à comprendre comment deux jeunes oiseaux de cette espèce ont passé 7 mois sur l'Arc.
Nous tenons à remercier chaleureusement tous ceux qui nous ont aidé à les suivre : les agents d'EDF qui gèrent les barrages sur l'Arc, les bénévoles de la LPO, les mauriennais, pêcheurs, chasseurs ou simples promeneurs que nous avons rencontrés, le Parc national de la Vanoise.
Nos plus vifs remerciements vont également à Monsieur Maurice Benmergui, de l'ONCFS et coordinateur national de cette espèce en France, qui nous a apporté la connaissance du cygne chanteur que nous n'aurions pas pu avoir sans lui.
Les médias ont relayé nos informations : Terra Modana, Le Dauphiné Libéré et La Maurienne.
Nous avons aussi tenu à communiquer des informations sur le site de l'Echosciences Savoie Mont-Blanc qui a été lu par plus de 440 personnes (lien vers l'article).
Enfin, La Dauphinelle a joué le jeu de l'information auprès des maires concernés par la présence de ces oiseaux sur leur commune par des communiqués.
Cela a permis, entre autres, de pouvoir échanger des connaissances avec les services techniques de la mairie de Modane sur une action qu'ils avaient à faire, et qu'ils ont retardés après la rencontre que nous avons eu avec le chef des services techniques.
La Nature est notre Patrimoine Naturel à conserver tous ensemble.
Le cygne chanteur est une des 3 espèces de cygnes européens : le cygne chanteur (Cygnus cygnus) espèce type du genre, le cygne tuberculé (Cygnus olor) très commun en France et le cygne de Bewick (Cygnus colombianus) qui habite un espace septentrional plus oriental.
Comment les reconnaitre ?
Le cygne tuberculé a le bec rouge et noir, les deux autres, jaune et noir.
La différence entre le cygne chanteur et le cygne de Bawick se situe dans la répartition du jaune sur le bec. Chez le cygne chanteur le jaune passe sous la narine, tandis que chez le cygne de Bewick il s'arrête verticalement avant la narine.
Le cygne chanteur (Cygnus cygnus Linnaeus, 1758) niche dans le nord de l'Europe et jusqu'en Sibérie (couleur jaune sur la carte ci-contre). Une population est sédentaire en Islande (couleur verte) et une partie d'entre elle hiverne en Ecosse.
L'hivernage de la plus grande partie des cygnes chanteurs en Europe est représenté par la couleur bleue.
Nous avons ajouté un point rouge pour l'hivernage de deux cygnes chanteurs en Maurienne.
Sur la carte de répartition en hiver 2009-2013, nous avons également ajouté le point rouge pour situer la Maurienne par rapport à l'ensemble de la France.
La carte du Paléarctique Occidental (ci-dessus) est issue du Guide encyclopédique des Oiseaux du Paléarctique occidental (1999).
La carte de la répartition en hiver 2009-2013 provient de l'Atlas des oiseaux de France métropolitaine (2015), modifiée par La Dauphinelle.
Etape 1 : 27 novembre 2018 : des gardes-moniteurs, partis pour un travail technique vers le refuge de l'Orgère, observent, sans jumelles, deux cygnes sur le lac de barrage du Freney. Les ayant vus de dos et assez loin, ils les prennent naturellement pour des cygnes muets (espèce rare en Maurienne; Voir la fiche du cygne tuberculé).
Etape 2 : décembre 2018 et jusqu'à mi-janvier 2019 : les cygnes chanteurs recherchent à la fois un endroit riche en nourriture (algues, mousses, plantes aquatiques) entre le barrage du Freney et la piscine de Modane. Ils sont observés par de nombreuses personnes sans que leur présence soit signalée.
Etape 3 : 16 février 2019 : Nicole, adhérente de La Dauphinelle appelle Guido (animateur bénévole de l'association et référent naturaliste) pour lui signalé la présence d'oies ou de cygnes que lui ont montré les personnels du Biocoop. Les regardant depuis sa cuisine il les prend tout d'abord pour des cygnes de Bewick, puis, vérifiant, il se ravise en les signalant comme des cygnes chanteurs.
Espèce Éminemment très exceptionnelle.
Au nom de La Dauphinelle, il communique immédiatement vers les médias pour signaler cette détermination (voir ci-dessous).
Naturellement, il les identifient comme des oiseaux migrateurs qui ne feront que passer... La suite lui prouva le contraire.
Suite à un communiqué de presse le 16 février envoyé après la détermination de l'espèce, des publications en ont parlé :
L'article du DL nous donnera un contact sur Saint-André et le fb du Parc national nous permettra de nous mettre en contact avec le coordinateur national du cygne chanteur, Maurice Benmergui de l'ONCFS, qui suit la seule population nicheuse de France (un à deux couples depuis 2012).
Etape 4 : Suivi du 16 février au 3 avril : Les cygnes chanteurs sont tranquilles entre le barrage de Fourneaux et la Poste de Modane. Ils s'y nourrissent tranquillement. Ils sont suivis régulièrement par les bénévoles de La Dauphinelle.
Ne les ayant plus revus à partir du 7 avril, nous avons pensé qu'ils avaient entamé leur migration de retour. Cela correspondait à l'idée que nous nous en étions fait lors de leur identification.
Etape 5 : un habitant de Saint-André nous signale leur présence, le 23 avril, sur le lac de barrage du Freney. Nous qui pensions qu'ils étaient partis, ou, s'ils étaient partis... ils étaient revenus ! Remerciement à François C.
Le suivi reprend et de nombreux habitants rencontrent les bénévoles de La Dauphinelle... Echanges d'information qui permettent d'essayer de suivre le parcours de ces animaux.
Remerciements à tous ceux qui nous ont croisés, renseignés, aidés à notre suivi.
Nous tentons de noter des comporte-ments de des oiseaux, comme leur présence près du pont situé presque en face de la gare de Modane, sur une petite plage qui a été faite par la présence d'un arbre qui est tombé dans l'Arc. En ralentissant le torrent, il a favoriser le dépôt de sable en aval.
Etape 6 : Informations aux élus et concertations avec le gestionnaire des barrages, EDF.
Nous avons noté plus haut le contact très positif que nous avons eu avec le chef du service technique de la Mairie de Modane.
Nous avons eu, également, un retour immédiat et positif de la chargée de mission environnement et du responsable des équipe de gestion desbarrages de Haute-Maurienne. Le dialogue entre personnels d'EDF et naturalistes de La Dauphinelle a permis des transferts d'informations dans les deux sens et une réflexion commune par rapport à la chasse d'eau du 18 juin.
Les agents de terrain d'EDF ont permis aux naturalistes de La Dauphinelle de retrouver les cygnes chanteurs au barrage du Pont des Chèvres.
Le défilement des photos, ci-dessous, a été réalisé le 30 mai 2019. Il nous montrait des oiseaux en pleine forme, s'entrainant à muscler leurs ailes pour un retour de migration. Ce fût un spectacle magnifique de l'énergie et de la beauté des ces oiseaux.
Nous les avons photographiés dans des positions... périlleuses !
Etape 7 : 17 juin 2019: par un temps très pluvieux, tardivement le soir, les bénévoles remarquent la présence d'un seul oiseau. Lorsqu'il passe par deux fois près d'un rocher, l'aile de l'autre oiseau se lève... Nous n'en verrons pas plus, deux fois de suite.
Etape 8 : la chasse d'eau se passe très bien, mais un seul oiseau sur les deux est visible. De nombreux invités d'EDF découvrent le cygne chanteur, qui est un animal curieux de nature...
Etape 9 : Toutefois nous ne reverrons plus le second cygne chanteur jusqu'à la dernière observation du 30 juin...
Un pêcheur de Saint-Michel-de-Maurienne nous apportera une observation importante. Début juin les deux oiseaux ont été vus, de bonne heure le matin aux petits lacs situés près du péage d'autoroute de Saint-Michel... Cela les a fait râler car ils venaient de relâcher du poisson !
Nous ne saurons jamais ce qui est arrivé à ce second oiseau qui disparait de nos observations le 17 juin. La dernière observation a été réalisée le 30 juin, soit un peu plus de 7 mois après la première observation.
Les oiseaux, à différents stades de leur présence ont exploité l'Arc de la piscine de Modane aux lacs près du péage de l'autoroute de Saint-Michel-de-Maurienne.
Y auraient-ils trouvés les mêmes conditions de nidifications comme au niveau du Cercle polaire arctique ? Cela est possible. Mauricece Benmergui, coordinateur de l'espèce en France, en doute car les oiseaux étaient trop jeunes pour nicher.
Avons-nous eu une tentative d'installation d'un futur couple présumé ?
Qu'est-ce qui a fait disparaître le second oiseau ? Nous ne le saurons jamais.
Toutefois, cette présence exceptionnelle pendant plus de 7 mois nous interroge pour des oiseaux qui nichent principalement très haut en latitude... et qui se sont installés pour se reproduire en Dombes...
Il nous semble évident maintenant que de jeunes oiseaux ont tenté une recherche de site de nidification adaptée à leur besoin... La présence humaine semble les en avoir dissuadés.
En ce début décembre 2019, je m'imagine les voir revenir, mais le côté de mon cerveau analytique me dit que ce n'est probablement pas possible... Dommage, mais quel moment magnifique à les rencontrer... !
Guido M., le 6 décembre 2019
Photos présentées : Guido Meeus
Cette synthèse a été réalisée à partir des données de La Dauphinelle.